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les hommes de ma vie - Page 4

  • Un baiser de papier

    Nous sortons de mon restaurant japonais préféré, celui ou je me sens comme chez moi et que je voulais lui faire découvrir, anxieuse de connaître son avis.

    "Tu sais, quand tu m'as dit que tu connaissais un bon restaurant japonais, j'ai eu des doutes parce que tu es française", avait-il avoué lors du repas. Et il avait ajouté : "Mais c'est vraiment un très bon restaurant japonais".

    Dans le métro, juste après les portiques, au moment de nous séparer, il me demande, avec un sourire énigmatique : "Ferme les yeux".

    J'obéis et déjà sur mon visage se dessine le sourire d'une petite fille dont les yeux bientôt vont s'ouvrir sur une surprise. Je sais que l'homme qui me fait face ne va pas m'embrasser. Ou alors, d'un baiser chaste, sur le front, par exemple ?

    "Ouvre les mains", dit-il.

    Je joins mes mains ouvertes. Déjà, mon coeur bat plus vite. Un souffle léger comme une plume tombe au creux de mes mains.

    "Tu peux ouvrir les yeux", dit-il. Je vois son sourire, son crâne nu, je baisse les yeux.

    Au creux de mes mains jointes, un oiseau de papier s'est délicatement posé.

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    "C'est un origami ? C'est toi qui l'a fait ?" demandai-je.

    "Oui, c'est un petit grue", répond-il doucement.

    J'ai délicatement pris le fragile oiseau entre mes doigts, l'ai rangé dans mon sac en prenant soin de ne pas l'abîmer.

    Posée sur la commode face à mon lit, la petite grue de papier rouge et blanc veille désormais sur mes nuits. C'est un des plus jolis cadeaux qu'on m'ait faits.

    ["Ori-tsuru", la petite grue en papier, symboliserait la longévité et la paix, en raison d'une jeune fille japonaise appelée Sadako Sasaki. Vous pouvez lire son histoire et apprendre comment réaliser un Ori-tsuru ici]  

     

  • Pollux

    pollux.jpgIl y a 2 semaines, à mon retour d’Espagne, j’annonce à mes collègues au déjeuner : « Tiens, j’ai eu des nouvelles de J. Il s’est blessé ». L., mon gentil collègue, demande « Il s’est blessé ?? Qu’est ce qu’il a encore foutu ? » Et là, je ne sais pas ce qui me prend, je me souviens d’une conversation franchement hilarante, il y a quelques semaines, sur le rasage des couilles et je réponds : « Ben, il s’est rasé. ».

    L. a failli s’étrangler. « Tu déconnes ? »

    « Non, pas du tout, il a voulu suivre mes conseils la mode mais il a ripé sur une bosse ». La tête des copains ! Silence de mort tout à coup autour de l’andouillette grillée.

    Quand J. s’est pointé une semaine plus tard et qu’il a dit qu’il n’arrivait plus à marcher, les autres regardaient leurs pompes, souffrant au plus profond de leur chair. Et lorsqu’au déjeuner, il a expliqué qu’il s’était fait un claquage en voulant reprendre le jogging après 15 ans d’abstinence, tous les regards se sont tournés vers moi.

    Depuis, pas un déjeuner sans qu’on lui demande des nouvelles de Pollux.

    Au moment de terminer cette note, j’ai étais prise d’une crise de fou rire en imaginant sa tête ce soir en la lisant. Je viens de l’appeler mais tout ce qu’il a pu entendre au bout du fil, c’était un bruit de chambre à air qui se dégonfle (c'est à peu près le bruit que je fais quand je ris, très communicatif, semble-t-il).

    Hoquetant et pleurant - de rire -, je n’ai pu que lâcher : »Tu vas me haïr ce soir » avant de raccrocher et de sécher mes larmes. Ca va être ma fête demain matin …

     

  • Mon sportif du dimanche

    Reçu samedi matin ce sms d'un homme pour lequel j'ai énormément de tendresse :

    « Bonjour,

    Suite à ton billet sur le jogging, je me suis remis au sport après 15 ans d’abstinence. Les sourcils au vent, je m’élance, objectif 5 kms. Résultat : le premier jour, je me fais un claquage. Suis pas prêt de me remettre au sport, lol ! »

    J’explose de rire et tape, incrédule :

    « C’est une blague ?? »

    Réponse immédiate :

    « Nan c’est pas une blague ! J’ai super mal et je marche aussi vite qu’un petit vieux. Lol. » 

    photo-claquage.jpg

    Toi qui m’a envoyé ce SMS, sache que je me marre depuis samedi à chaque fois que je t’imagine. Tu me manques et s’il le faut, je te porterai jusqu’à notre pub préféré. Reviens vite ! Et la prochaine fois, au lieu de faire le kéké, viens courir avec moi !

     

  • Feargus, my dearest Irish friend

    I miss you so much. I’ve been looking for you all these years and sending mails but G. told me that you could hardly read now. I keep faith, however. I don’t know if you stayed in England , returned to Ireland or moved to the country of your loved one. One day, in Dublin , I hope I’ll bump into you. Tears will then fall down my eyes. We’ll go for a pint in an old and dark pub, down in Rathmines or along the Liffey.

    Will you see the tears of joy rolling down my cheeks or will the disease have won and made you a blind man?

    I never realized how much I cared for you until I lost your trace. I am sad not to have told you that I love you. You moved me like very few people do.

    I miss your soft and calm voice, your accent as clear as crystal, your hand on my arm when we walked together, that evening. I miss the diluted blue of your eyes and the way you looked at things. I remember that wonderful evening when we shared an Indian meal in my apartment. You were sitting on the floor and you started talking about Irish history. You told the british colonization, the brutal oppression of your justice and language, the fight for independence, and all of us were quiet and listening to you. You were speaking slowly to make sure my brother and sister would understand everything, and they did. They were “drinking your words”. I loved the pride that you had about your country and people. I miss your free spirit, your wisdom and your delightful humour.

    That evening, you told us why your local pub was called “The Hole in the wall”.  Since then, I’ve been waiting for the day when you’ll take me there. We’ll talk for hours while sipping the black stuff. Like in the old days, Feargus.

     

  • A toi je suis soumise

    Il m'a prise dès le réveil. Encore endormie, roulant tantôt sur le dos, le visage tourné vers lui, paisible, tantôt sur le ventre, le nez dans les oreillers chargés de mon odeur, je sentais son énergie apaisante irradier la chambre obscure. Ensuite, comme chaque dimanche, je me suis réveillée doucement en m’évadant vers des contrées lointaines qu’il visite souvent, tout en buvant un thé aux oranges et en mordant dans des tartines croustillantes. M’étirant comme un chat au réveil, j’ai savouré sa présence discrète, promesse d’une journée réussie.

    Je me suis habillée léger en ce matin de février. Ma peau au sortir de l’hiver avait faim de ses caresses, je voulais lui offrir ma blancheur virginale pour qu’il y imprime son empreinte. A chaque retrouvailles, il m’embrasse d’abord doucement, m’effleure avec délicatesse. Il sait que sous le feu de sa passion, mes yeux s’allument de mille reflets dorés. Ce n’est que quand il sent sa propre odeur sur moi, quand ma peau chauffée à son contact et gorgée de plaisir exhale une odeur de cuir chaud vanillé qu’il commence à me mordre. Avec le temps, j’ai appris à le quitter juste à temps, avant que le plaisir ne laisse place à la douleur.

    Plus tard, sur mon vélo, j'ai filé dans les rues, traversant les carrefours à toute allure et évitant de justesse les piétons imprudents. Sur la jolie place d'un square, près d'un manège d'enfants, il était là. Ses lèvres étaient fraîches comme un baiser à la neige.

    Nous nous sommes retrouvés à la terrasse d’un café. Il était face à moi et je me retenais de fermer les yeux pour savourer la chaleur qui montait à mes joues. Son regard balayait avec gourmandise chaque parcelle de mon épiderme laiteux. Il s'immiscait dans le creux de mes seins dont j’ai regretté le décolleté trop sage, caressait les boucles sur ma nuque et rosissait mes joues charnues qui parfois appellent les morsures. Ce contact léger et constant, si troublant, me donna envie de glisser au fond de mon siège, de renverser la tête en arrière et d’offrir mon cou à sa bouche impérieuse. Mais je me connais. Je n’arrive pas à m’arrêter quand il commence à me posséder. Mon trouble eût été trop visible et le spectacle indécent aux yeux de nos voisins de table.

    Vers 16h, il m’avait plongée dans un état de torpeur et de bien-être tel que j’ai eu envie de lui, encore. J’avais beau essayer de me hâter pour le retrouver, je me déplaçais lentement, toute alanguie par la torpeur dans laquelle il m’avait plongée. Il ne me restait plus que quelques heures pour profiter de lui. Je cherchais un endroit où nous serions enfin seuls, tranquilles. Sur le toit terrasse d’un centre commercial déserté, à l’abri des regards, je me suis allongée devant lui. J’ai enfin pu fermer les yeux et me laisser aller sous ses caresses. Il était moins intense, déjà, peut-être triste de notre séparation imminente.

    Quand il a disparu, j’ai eu froid. Un froid glacial. J’ai rangé mon livre, croisé les bras sur mon manteau et le menton rentré, les épaules contractées, j’ai marché dans les rues qui s’assombrissaient.

    J'ai alors repensé à une jolie phrase lue ailleurs.

    « Mais j’ai su à cet instant que l’hiver était mort et que bientôt nous fêterons son enterrement.

    Et j’avais le sourire aux lèvres. »